25 mars 2011

La foi en question ?

Un rapide parcours historique parmi certains des courants de pensée philosophiques et théologiques suffit pour comprendre à quel point la foi, au plein sens chrétien du terme a été objet de si nombreuses discussions et aussi de querelles, de controverses concernant sa nature même, c’est-à-dire sa capacité à procurer à l’homme ce dont il pourrait avoir besoin pour conduire sa vie et être heureux. La foi catholique a questionné, elle fut remise en cause dans son contenu même mais aussi dans les diverses instances qui la portent et l’annoncent - l’Ecriture Sainte, le Magistère de l’Eglise et la Tradition depuis ses plus éminents théologiens jusqu’à ses plus grands spirituels -. 


Depuis hier, s’est ouvert devant la cathédrale Notre-Dame, à l’initiative du Pape, «Le parvis des Gentils» qui se veut comme un espace de dialogue avec le monde contemporain, en particulier avec les non croyants de notre époque. Nous pourrions nous interroger sur les raisons qui ont amené le Pape à solliciter l’organisation d’un tel événement - Benoit XVI donnera ce soir une conférence depuis le Vatican, retransmise sur le parvis -. L'intérêt qu’il porte au dialogue théologique et philosophique pourrait suffire dirions-nous mais Joseph Ratzinger est aussi un pasteur songeant, en Europe, à celles et ceux de ces intellectuels français qui comme on dit populairement, n’ont pas la foi et qui peut-être auraient en eux une attente secrète et profonde, peut-être comme un appel à un certain changement existentiel. Mais pourquoi ne pas «simplement» écrire un livre alors ou encore publier une lettre ? Il faut croire que ces médias très classiques ne peuvent plus suffire à interpeller. En Europe et particulièrement en France, le discours théologique n’a pas sa place dans les tribunes médiatiques habituelles car faire référence à Dieu dans son discours sur la société, l’éthique, l’éducation, la politique ou bien même la religion - ! - rend irrémédiablement suspect, aveugle et prosélyte. De la sorte, ce qui chez les chrétiens se veut le plus empreint de rationalité, la théo - logie se trouve assez facilement ignoré dans nos agora modernes, sous prétexte que pour pratiquer la théologie, il faut, en premier lieu - a priori - avoir la foi, ce qui doit pour certains constituer une hypothèse des plus étranges. 
Tout chrétien sait pertinemment que la foi n’est pas tout à fait une hypothèse comme la science pourrait en formuler mais qu’elle n’est pas non plus de ces évidences qui jaillissent par le seul truchement des sens. Non assurément, la foi chez un homme ou une femme participe d’un processus complexe et lent. En effet, autant poser une hypothèse dans un raisonnement scientifique représente par définition la base solide et intouchable dont toute une démonstration va découler, autant la foi peut-elle être, elle-même, approfondie - dite différemment - lorsque en elle et par elle le chrétien s’adonne à la réflexion théologique. 


Dans ce dernier domaine, il faut à la fois prendre les données de foi comme référence lorsqu’on réfléchit sur une question  - comme des normes ou des balises -, mais tout en hésitant pas s’il le faut à remettre en cause les concepts et les enchaînements logiques de ces données, si par exemple une impasse dans le raisonnement se fait jour. On comprend donc que la théologie part de la foi comme base de réflexion pour arriver à elle comme en un lieu d’explicitation mais sans jamais s’en détacher. Ainsi, le raisonnement théologique entretient, explicite et donne un ancrage à la foi. Saint Anselme disait : «Je crois pour comprendre, je comprends pour croire». 
En conséquence, la théologie aide à (mieux) croire mais elle ne se veut pas discours abstrait et pieux au sujet du divin, elle est l’acte de la foi par lequel cette dernière communique avec le monde en écoutant ses aspirations les plus profondes. Ainsi, elle tente sinon de leur procurer du sens, au moins de leur donner un nom. La théologie, la foi mise en acte entend modestement et prudemment proposer aux hommes un rapport que nous pouvons qualifier de «naturel» aux choses et à Dieu dans le but d’en vivre - autrement dit, elle se veut servante de l’évangile -. 


D’aucun dira qu’il n’a que faire de la foi, qu’un tel message ne l’intéresse pas, qu’il n’a jamais eu de rapport avec l’Eglise et que c’est très bien ainsi. Cette attitude, il nous faudra toujours en tant que Chrétiens la respecter mais aussi et surtout mieux la comprendre. 
Hier, dans le monde.fr, on pouvait lire un bon interview du Cardinal Gianfranco Ravasi, président du conseil pontifical pour la culture par Stéphanie Le Bars. En voici la dernière question : 

L'Eglise catholique est-elle prête à parler avec toutes sortes de courants, y compris les militants athées ?
Vous savez que dans la Bible, ce n'est pas l'incroyant qui est l'ennemi numéro un, mais l'idolâtre !

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